Et puis un jour tu lâches. Les croyances, les déceptions, les qu’en dira-t’on. Peut-être parce qu’au fond, dans cette vie, rien ne compte. Ou que certaines choses valent davantage la peine qu’on s’y attache. Que pour continuer à se remplir, il faut accepter de laisser partir. C’est peut-être même là tout l’intérêt du vide : la possibilité de le remplir. D’autres couleurs, d’autres formes. 

Aux fondations de ma vie, je suis à un stade où j’accumule. J’amasse, j’entasse. Et je me débarrasse. En fait, je pourrais tout envoyer valser. Ce n’est que de la poussière. De la jolie poussière, mais rien qui n’a vraiment vocation à rester dans les âges. A vrai dire, c’est dans cette possibilité de tout faire partir en fumée que je trouve le plus grand sentiment de liberté. Parce que pour une fois, ma vie est mon choix. Le seul et l’unique. Les larmes me montent, parce que je suis terriblement fière de moi. Je suis chez moi, chez moi, dans mon monde, dans ma bulle, que je ne dois qu’à moi. Dans laquelle je peux pleurer, crier, rire, danser, à toute heure du jour et de la nuit. Et c’est tout ce dont je rêvais depuis un moment maintenant. Tout ça n’est réel que parce qu’il y a cette énergie de destruction massive au fond de mes tripes. Sans ça, j’aurais peur. Peur de perdre. Et que ce qui reste est bien plus important. Tous les souvenirs, tous les apprentissages.

C’est étrange, la peur. A vrai dire, notre relation évolue énormément ces derniers temps. Je ne sais pas toujours comment me placer avec elle. Parfois, je me dis que sa présence est une bonne chose. D’autres fois, non. Aucune règle. Du cas par cas, seulement. C’est parfois un peu épuisant. Comme une danse. D’un pied à l’autre. Mais j’imagine que ça fait partie du jeu. C’est étonnant cette situation. De ne pas craindre de perdre ce que je construis. Peut-être parce que je réalise, impatiente que je suis, que les choses peuvent aller vite. Dans un sens comme dans l’autre. Que ce qui existe un jour peut ne plus être le lendemain. Que rien n’est éternel, et pourtant, que les choses se répètent. Que toujours, il est possible de recommencer. Que pour se remplir, il faut laisser partir.