31.03 : Keep on shining babe

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Overthink a Minute
3 min ⋅ 31/03/2025

J’ai une confidence à faire, quelque chose qui me ronge l’estomac, et pollue mon sommeil depuis peu. En fait non. J’ai toujours eu ce truc ancré, probablement depuis que je suis née, accentuée par les vagues de personnes qui ont déferlé dans ma courte vie. J’ai une peur bleue de finir seule. De la solitude, la vraie. C’est probablement ma plus grande peur. Je crains cette solitude autant que je l’aime. J’apprécie tellement mes moments seule. Ils me sont indispensables pour recharger mes batteries sociales. Je tente tant bien que mal de maintenir un équilibre. Mais je crains aussi terriblement de rentrer dans une maison vide. De finir vieille fille avec mes chiens. De garder auprès de moi un téléphone désespérément vide de toutes notifications. Putain de téléphone. J’ai rien trouvé de mieux comme objet significatif. Pourtant, j’ai bien conscience d’être très entourée. Je dirais même plus : d’être très bien entourée. Une famille et des amis en or. Même un potentiel satellite qui gravite autour de ma lune. A nuancer : je crois fermement qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée. On verra. Je me suis longtemps abritée derrière cette formule, par peur de ressentir. A un moment, j’avais réussi. A ne plus rien ressentir. Plus de joie. Plus de peine. Juste un grand vide. C’était triste à s’en éclater la tête contre le mur. J’avais réussi à devenir le robot que je pensais être. Mais je me trompais. Ce n’était pas moi. Après tout, je m’appelle Zoé. Zoé, la vie en grec. Et la vie est faite de joies, de joies et de peines. La vie est faite pour ressentir, pour expérimenter au maximum, pas seulement pour exister. Alors j’ai expérimenté. J’ai pris des risques. J’ai été profondément heureuse. Je me suis mangée des murs. Des gros murs même. Je suis tombée de haut. Tellement haut que l’impact a creusé un trou béant qui s’est refermé sur moi. J’ai eu mal, tellement mal. A ne plus avoir envie de rien. Plus envie de manger, plus envie de sortir. Seulement de me plonger dans des livres, dans des films, histoire d’avoir des histoires, de vivre par correspondance. Puis j’ai repris gout. J’ai mangé à nouveau. Apprécié les saveurs. Regardé le ciel. De jour comme de nuit. Pris le temps de prendre le temps pour observer à quel point le monde environnant était beau. Et il l’est. J’ai cette chance d’évoluer dans des endroits incroyables, avec des personnes incroyables. J’ai observé. Vu aussi que malgré la beauté, il y avait tant de solitudes qui se confrontaient. En station, c’est assez flagrant. On croise un nombre indécent de vieux moniteurs, vieux beaux, ou moches d’ailleurs, devenus des piliers de bars pour éviter le froid qui hante leurs appartements. Il fait visiblement meilleur dehors. Mais peut-être vaut-il mieux les voir. Qu’en est-il de ceux qu’on ne voit pas ? Parce qu’il y en a. Je ne sais pas ce qui est le plus triste. Ceux qui affichent leur solitude au grand jour, ou ceux qui l’apporte comme des fantômes dans leur sanctuaire. Pourquoi sont-ils si seuls ? Quels choix ont-ils fait ? Et je parle de moniteurs, mais ce sont loin d’être les seuls. J’ai grandi avec un homme dont le seul nom pourrait être la définition même de la solitude. Bourgeois, aisé, bien établi, des soi-disants amis à la pelle. Invisible, il en mourra, défiguré. Sans aucune autre considération que celle de son héritage pour la plupart des gens présents aux funérailles. Je suis en plein soleil, et pourtant, écrire ces mots me glace. Quels sont ces choix qui amènent à mourir dans l’indifférence la plus totale ? J’imagine que ça appartient à l’histoire de chacun. Pas de réponse universelle. C’est ce qui est aussi consternant. Alors, j’essaie de faire face. De ne pas me laisser paralyser par cette angoisse insidieuse. De ne pas tout voir comme une fatalité. De ne pas laisser le passé me polluer. De ne pas retomber dans les mêmes schémas. De reconstruire sur les ruines plutôt que d’abandonner le terrain. D’avoir confiance. De laisser les choses se faire. De ne pas vouloir tout contrôler. Après tout, le soleil se lève tous les matins, pour une nouvelle journée. Même si les nuages le cache. Et ça suffit à me faire dire que tout est affaire de foi. Que le présent soit radieux. 

PS : don’t worry, je me pose des questions, mais je suis happy hein

Overthink a Minute

Par Zoé André