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Ça y est, c’est le retour. Je suis probablement la plus heureuse d’écrire depuis ce lieu magique. Parce qu’il y a des endroits comme ça qui dégage une sérénité rare, si rare qu’elle ensorcelle. Si je pouvais, je vous voudrais tous avec moi. Avec vos différences, vos rires, vos pensées, votre énergie. Un lieu comme cela se partage, et ce, même si le plus grand des calmes règnent. J’avais commencé à rédiger toute autre chose dans l’avion, qui m’a toutefois permis d’appréhender d’une façon toute nouvelle tout un pan de mon caractère, mais le réveil ce matin a en décidé autrement. Ce que j’ai de plus beau à partager, là, ici et maintenant, c’est cet endroit dans lequel je me trouve.
Imagine. Le Sud. Le Sud du Sud. On a changé de pays. La langue se veut plus… guttural. On y vit tard la nuit, parce qu’il y fait bien trop chaud en journée. Mais ce n’est pas tant le pays qui compte. Après une longue route, un petit chemin. Raide. Abimé. La conduite de la voiture relève d’un doigté précis. Ou plutôt d’un mouvement de cheville tantôt doux, tantôt assuré sur l’embrayage. Dans un virage, des chevaux sauvages, crinière au vent. On sent l’air marin. C’est la nuit, mais je crois bien être arrivée au paradis. Ce portail est familier. Il ressemble à celui de la photo. Oui, c’est bien ici. On descend, prenons les sacs, et arrivons dans ce grand champ. Une première maison domine. C’est celle-là que je voulais louer, initialement. Un vieux refuge en pierre dominant la mer, là-haut sur la colline. Il n’était plus disponible. Alors j’ai rabattu mon choix sur cette maison qui se trouve sur le même terrain m’a dit la petite dame. Nous descendons, suivant un chemin carrossé mais réservé aux vrais 4x4, propice au kiff du vrai Wrangler. Tant pis, une autre fois. Enfin, une forme. Rectangulaire. Je me crois dans un film américain, maison californienne sur une colline de Big Sur, vue Pacifique. Ici, c’est l’Atlantique, les côtes africaines ne sont qu’à une dizaine de kilomètres, je les perçois derrière la brume. Et c’est tout aussi bien. Un intérieur très dépouillé, tout ce que j’aime : du bois peint, des fauteuils moelleux, des grandes fenêtres pour la lumière, des coussins marocains. Pour les chambres, des petites enclaves de la maison. Tout est résolument simple. C’est parfait. Hier soir, je n’arrivais pas à m’endormir tellement j’avais hâte de me réveiller. Quelle joie ce matin. Le vent souffle. Après tout, c’est la raison pour laquelle je connais cet endroit. De grands eucalyptus nous privent de la vue vers l’Est. Ce n’est pas un problème. Sur le côté gauche, des pans de roche où on élut domicile cactus, oliviers, et petits arbustes. En bas, des grands pins. Devant, impériale, la mer. Ou plutôt, l’Océan. Au loin, au travers de la Brume, le Maroc. Ça moutonne dans tous les sens. Sur le terrain, des petits cairns, en pierres sèches locales. Dieu que c’est beau. Et surtout, surtout, le silence. Quoique non. Plutôt le bruit de la nature. Le bruit du vent dans les feuilles, dans la roche, les oiseaux qui chantent. J’avais envie de faire pendant ces vacances, aller voir tel site, faire telle activité, nananinana… Je n’ai plus qu’envie d’écrire, de découvrir chaque heure de la journée dans cette maison, de n’aller au village que pour manger et kiter, et puis à nouveau quitter toute civilisation pour retrouver l’apaisement que procure cet endroit. Mon père calme mes ardeurs de paix, bien trop excité d’être ici : il fixe sa carte, rêve de jamon ibérico, et du litrage de sa planche de foil. Titou lui, regrette de ne pas avoir pris ses chaussons d’escalade. Ma mère s’extasie devant un rapace dansant devant nos yeux. Le calme est rompu, mais pas le charme pour autant. La paix, c’est aussi d’être là avec eux, pour ces derniers instants à avoir profondément le temps d’être leur enfant, d’être sa soeur. L’évolution arrive, une partie de moi restera à jamais dans cet endroit. J’ajouterais une pierre au cairn.