What a ride. Pardon pour l’anglais, déformation professionnelle. C’est quelque chose de dire au revoir. Certains aux revoir s’apparentent même à des adieux. Et c’est dur. C’est dur, ça fait mal au coeur, littéralement. L’impression d’avoir le coeur au bord des lèvres. Qu’on nous arrache une part de nous. Et pourtant, la vie continue. La neige continue de tomber, le soleil de briller. La vie s’écoule autour, comme tous les jours. Ça aussi, ça fait mal. De voir que rien ne change. Que la musique continue de résonner. Que les gens continuent de rire, de sourire autour de nous. On les maudit. On se dit que le monde entier devrait se sentir aussi mal que nous. Qu’il est cruel de nous laisser ainsi dans l’intensité solitaire de la douleur. Et pourtant. Pourtant, la neige continue de tomber, et le soleil de briller. Jour après jour. Jusqu’au moment où on lâche prise. Où l’on accepte de voir à nouveau toute la beauté environnante. Où l’on se dit que, finalement, les choses sont ce qu’elles sont. Voir la vie se poursuivre nous rend libre. Libre d’avancer. Libre de continuer. Libre de construire. Sans attaches. Que ce qui alimente la peine, ce sont les souvenirs. Le passé. Aussi délicieux soit-il, ce temps est révolu. 

J’ai construit ma vie ces dernières années autour du fait de ne pas avoir d’attaches. De ne pas avoir de port fixe, petit navire solitaire voguant au gré des courants. La vie est bien faite, et nous donne toujours exactement ce que l’on souhaite. Et il faut parfois une tempête pour se rendre compte que l’on souhaiterait autre chose. Que l’on voudrait une destination finale. Un cap. Un peu comme Ulysse. Se fixer un cap, un Ithaque personnel. Et accepter toutes les aventures au milieu, les aventures qui composent son Odyssée. « Ce qui compte, c’est pas l’arrivée, c’est la quête » a chanté un Homère moderne. Cette phrase ne m’a jamais semblé aussi vraie. Je crois que je l’avais un peu oublié, un temps. Se détacher du résultat, croire, malgré les vents, que l’on finira bien par l’atteindre, et vivre, vivre profondément tout ce qui arrive sur notre route en attendant. Croire en soi, agir en conséquences, oser ce qui semble hors de notre portée.