20.12 : roue libre

« On ne m’ôtera jamais de l’idée que c’est uniquement en se collectant avec les extrêmes de soi-même, avec ses contradictions, ses goûts, ses dégoûts et ses fureurs que l’on peut comprendre un tout petit peu, oh, je dis bien, un tout petit peu, ce que c’est que la vie ». Françoise Sagan, Des bleus à l’âme

Overthink a Minute
3 min ⋅ 20/12/2024

C’est fou la vie. C’est fou. Es una locura. Life’s a mess. C’est un sacré bordel. En fait, ce qui me fascine, c’est cette propension profondément humaine à la contradiction : dire blanc alors que l’on pense noir, dire non alors que l’on pense oui, en bref, dire exactement le contraire que ce que l’on pense. Penser vouloir une chose alors qu’on souhaite le contraire. Ça m’arrive en ce moment. Je réalise à quel point la vie que je pensais vouloir n’est pas forcément celle que je dis vouloir. Je ne sais pas, peut-être que ce n’est que moi et mon esprit bien trop analytique pour son propre bien-être. Je me découvre dans mes contradictions. Je n’aime pas les chats, je les crains : je vis actuellement avec un chat, du nom de Léon, à que je dis « je t’aime » le matin en partant. J’aime la solitude, je la recherche : elle me pèse, et j’adorerais avoir quelqu’un le soir pour partager ma soupe. Je crains la solitude : j’apprécie aussi grandement me retrouver seule le soir, devant le feu, et écrire. J’ai envie de grandir, à tout prix, depuis toujours : je donnerais tout pour redevenir enfant parfois. J’aimerais redevenir un enfant : j’adorerais construire ma vie. Je dis que le couple me fait peur, me terrifie : j’expérimenterais bien la chose. Je dis que j’aimerais être en couple : j’aime aussi ma petite vie tranquille, à ne me préoccuper que de moi. J’ai envie de vivre de l’écriture : la perspective d’ouvrir un café librairie ne m’a jamais paru si alléchante. J’ai envie de thé, histoire de freiner sur le café et le lait : je prends un café quand même. Je n’ai pas faim : je mange, des chips en plus. Je pourrais continuer longtemps, à énumérer toutes mes contradictions. Je ne suis pas certaine que ça ferait avancer les choses. C’est tellement compliqué de savoir ce que l’on veut. De s’asseoir avec soi-même, et de faire le point. Pourtant, je crois que la principale chose à laquelle j’aspire, c’est l’authenticité. C’est un terme qui revient souvent en ce moment. Authentique avec moi, avec les autres. Juste authentique, vraie. En fait, ça se manifeste par une image présente dans mon esprit, de comment je pourrais agir ou réagir. Sauf que je ne le fais pas. Je n’ose pas. Et derrière, je m’en veux. Les peurs, la suranalyse, le passé me polluent. On dit souvent qu’il faut agir avec raison, mais franchement, j’en ai marre. Je n’ai plus envie de répondre à ma raison seule. J’ai envie de vivre avec le coeur. De vivre les choses pleinement, avec les sentiments. Sans attendre plus, ou moins. C’est ça aussi. Derrière, ça crée de la frustration. Alors c’est sur que parfois, c’est bon de se protéger, mais ça empêche de vivre les choses à 100%. C’est épuisant de tout contrôler. Epuisant. Ereintant. On devrait avoir un bouton on/off sur lequel appuyer par moment. Débrancher le cerveau. Laisser le flow nous emporter. Au lieu d’anticiper, tout le temps. Je crois que je suis fatiguée de faire des plans sur la comète. De toute façon, les choses ne se passent jamais comme on voudrait qu’elles se passent. Malgré tous les plans auxquels je pense, la vie trouve toujours une façon de faire autrement. C’est comme une partie d’échec contre un adversaire qui aurait 4 coups d’avance. Comme Sisyphe, qui, arrivant au sommet de la montagne, voit la fin, mais la pierre dégringole à nouveau. Je lis un bouquin là-dessus en ce moment, un essai de Camus, qui porte sur l’absurdité de l’existence. Il n’a pas tort : on cherche désespérément un sens à nos vies, alors que peut-être, au fond, elles n’en ont pas. J’écoutais tout à l’heure une interview de Mike Horn, sur son rapport avec sa défunte épouse. Il disait que c’était elle qui donnait du sens à sa vie. Pourtant, elle n’est plus là. Quel est le sens de sa vie maintenant ? J’aimerais bien en discuter avec lui. Mike, si tu passes par là, on s’appelle, on boit un café ? Voilà, je suis seule, je débloque. Pour le coup, je peux pas en parler avec Léon. Il me répondrait seulement par un ronron. C’est mignon mais ça ne fait pas avancer le schmilblick. Enfin, dans tous les cas, il n’y a pas de réponse. Hormis qu’il faut sûrement arrêter de chercher un sens pour seulement s’attacher à vivre. Tout simplement. Ça devient vachement plus facile d’un coup : sans sens, on ne peut plus se tromper de direction. On fait seulement du mieux que l’on peut, et c’est déjà largement suffisant. 

Overthink a Minute

Par Zoé André