28.06 : le temps du partage

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Overthink a Minute
3 min ⋅ 28/06/2025

Ça y est, je suis rentrée. Depuis trois jours. Pardon, je n’ai pas poursuivi mes carnets de voyage. Je ne savais plus quoi dire. Il y a un temps pour tout : un temps pour vivre, un temps pour écrire sa vie. C’est le premier qui m’intéressait. Et puis, le bonheur des uns, c’est chiant pour les autres. Je n’allais pas vous bassiner encore et encore avec mes histoires de dolce vita. 

Outre le temps de vivre, j’ai aussi eu beaucoup de temps pour lire. Quoique, c’est du pareil au même. Lire fait partie de ma vie, à temps plein. J’ai tourné la dernière page d’un des romans que j’avais emporté avec moi : Tata, de Valérie Perrin. Si vous fréquentez les librairies assidument, ou même sporadiquement, vous êtes forcément passés devant. Ça faisait un moment qu’il m’attirait. La couverture en noir et blanc, la 4ème courte et mystérieuse… Ça me semblait un bon roman de plage. Le truc facile et touchant, pas compliqué. C’est facile et c’est touchant et c’est un peu plus encore. Quoi ? Ce petit je-ne-sais-quoi, justement. C’est le genre de livre que je voudrais lire pour la première fois encore et encore. Ce n’est pas limpide au début. Ça vient, discrètement, sur la fin. Qui m’a tiré des petites larmes. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré avec un livre. Et puis j’ai vu que l’autrice était mariée à Claude Lelouch. J’ai mieux compris sa sensibilité. Tout s’y déroule comme dans un film. 

Je crois que ce qui m’a ému, c’est l’enchevêtrement des histoires. Leur façon de se mêler les unes aux autres. De former un puzzle, mieux encore, une toile d’araignée. Plus encore que le mélange des histoires des uns et des autres, c’est l’enchainement d’histoires à l’échelle d’une seule et même personne. Et leur façon de nous définir. Ce sont elles qui nous remplissent, font de nous ceux que nous sommes. Les nôtres, celles des autres. Je me demande : est-ce qu’on serait comme des grosses boites aux lettres, dont les lettres seraient des bribes de nos vies ? Hop, une histoire de terminée, plus qu’à la glisser délicatement. Mais le courrier demande à être sorti régulièrement. Prendre sa petite clé, et prendre connaissance de toutes ses lettres, et autres pubs qui viennent nous encombrer. Autrement, la boite se remplit, se remplit, se remplit. Et devient pleine. Quand on l’ouvre, tout nous tombe dessus. Un peu comme dans « En attendant Bojangles », où Romain Duris se retrouve avec une montagne de lettres, de recommandés, annonçant sa faillite immédiate. Son fils joue à faire pleuvoir les enveloppes au-dessus de lui. C’est le début de la fin. Ou du moins, c’est à ce moment que le problème se révèle. Moralité : autant faire face à ses lettres. Les décacheter, régulièrement, avant qu’elles ne s’amoncellent. Les gérer, au quotidien. 

Et sous cette métaphore un peu stupide (je suis quand même en train de comparer l’être humain à une boite aux lettres), je me rends compte que ce ne sont pas foncièrement les histoires qui comptent, mais plutôt les émotions qui y sont attachées. - D’où la véritable valeur de ce livre : l’autrice nous entraine dans un tourbillon d’émotions. Version tornade du monde d’Oz imaginaire. Ou chute dans le terrier du lapin pour Alice aux pays des Merveilles. - Et de l’importance qu’il en découle de vivre les choses au moment où elles sont présentes. De ne pas repousser les sentiments et ressentiments au lendemain. De décacheter la lettre, plutôt que de la laisser moisir dans la boite, ou sur le comptoir de l’entrée. De ressentir les choses pleinement, au moment où elles se présentent. Parfois, on ne peut pas. C’est trop. C’est surement là la grande force des histoires des autres, qu’elles nous soient comptées directement ou à travers l’art, qu’il s’agisse de littérature, de films, de photos, de peinture. Cette capacité à nous reconnecter à des moments vécus. A nos histoires. Aux émotions qu’elles nous ont procuré. Ce pouvoir d’explorer sa mémoire, et de transformer le passé. Je vous souhaite, plus que tout, de partager, en toute authenticité. 

Overthink a Minute

Par Zoé André