Comme un tract résistant appelant à reconquérir sa liberté, un billet comme un aller simple sur l’autoroute du kif 🦅
Ce matin, on m’a dit d’écrire sur la liberté. J’ai répondu que c’était compliqué. Compliqué parce que ma notion de liberté est actuellement assez mouvante, indéfinie. Certaines choses se rajoutent, et d’autres s’enlèvent. Il y a ce qu’on dit d’elle, son essence même, tout ce que la raison dicte à d’autres que moi, et qui m’inspire directement. Et puis il y a les ressentis. Quand est-ce que je me sens libre ? Et parfois, ce que la raison veut et ce que le cœur ressent ne sont pas en adéquation, d’où une notion mouvante. Paradoxalement, je ne me suis jamais sentie aussi étouffée que devant un infini champ des possibles. La liberté représente un tel graal que je ne réalise pas, parfois, à quel point elle me terrifie. Parce qu’être libre, c’est suivre une voie inconnue. Ça m’a fait penser à ce poème de Khalil Gibran sur la peur :
« On dit qu’avant d’entrer dans la mer,
une rivière tremble de peur.
Elle regarde en arrière le chemin
qu’elle a parcouru, depuis les sommets,
les montagnes, la longue route sinueuse
qui traverse des forêts et des villages,
et voit devant elle un océan si vaste
qu’y pénétrer ne paraît rien d’autre
que devoir disparaître à jamais.
Mais il n’y a pas d’autre moyen.
La rivière ne peut pas revenir en arrière.
Personne ne peut revenir en arrière.
Revenir en arrière est impossible dans l’existence.
La rivière a besoin de prendre le risque
et d’entrer dans l’océan.
Ce n’est qu’en entrant dans l’océan
que la peur disparaîtra,
parce que c’est alors seulement
que la rivière saura qu’il ne s’agit pas
de disparaître dans l’océan,
mais de devenir océan. »
Et ça m’a fait penser à autre chose que j’ai vu récemment, une vidéo où Paul Mirabel est interrogé sur l’une des phrases de son spectacle, qu’il explique avoir repris au rappeur Georgio : le contraire de l’amour n’est pas la haine, c’est la peur. Je crois qu’il en va de même pour la liberté. Comme la haine n’est pas l’inverse de l’Amour, la contrainte n’est pas le contraire de la liberté. Pour les deux, c’est la peur qui en représente le plus grand frein. C’est la peur qui limite, enferme, convainc de rester dans son lit. La peur du changement, la peur de l’inconnu. Et finalement, un constat : les êtres les plus libres sont ceux qui agissent, au-delà de la peur. Peut être bien ceux qui aiment, aussi, de toute leur âme.