« Ecris sur le silence ». Le silence ? Qu’est-ce que je peux bien dire que le silence ? Si Cameron Diaz et Tom Cruise ne s’affichaient pas sur ma télé, il règnerait. Seulement perturbé par les ronronnements de Léon. Et le bruit de la bouilloire. Quelques notifications, de temps en temps. Un oiseau bavard. Le vombrissement d’un moteur. Des pas feutrés à l’étage du dessus. En fait, le silence n’est pas. Du bruit, toujours. Toujours. De ce point de vue là, le silence n’existe pas. Et pourtant. Sans cesse perturbé, il en devient omniprésent. Presque assourdissant. Parfois désiré, parfois non. Parfois imposé, parfois réconfortant. Parfois un blanc, parfois un ressentiment. Parfois une promesse, parfois un déchirement. Parfois rompu, parfois maintenu. Que sont nos silences ? Peut-être un peu de tout ça à la fois. Une somme d’émotions sidérale, telle qu’elle nous empêche de les exprimer. Trop intense. Trop de pudeur. Symbole invétéré de vulnérabilité. Que faire de ces silences ? Cela dépend. Il peut être bon de les briser. De laisser éclater au grand jour tout secret, malentendu ou quiproquo. Il peut aussi être bon de les conserver. Pour se respecter. Pour s’affirmer. Pour se protéger. L’équilibre est précaire. Un peu flou. A chacun de faire le nécessaire. Et qu’est-ce qu’on ressent face à ces silences ? Du réconfort. De la peur. De la déception. De la tentation. De la colère. De l’incompréhension. Une sensation d’être à la maison. L’absolu. Le vide. La liberté. L’impression d’étouffer. Tout et son contraire. En fait, ce ne sont pas tant les silences que les émotions qui les accompagnent. Que ce qu’ils avouent, sans jamais être exprimés. Ce qui en fait toute leur beauté. Ou leur lâcheté. A voir où la balance penche. 

Aux silences.