03.12 : la gentillesse

Be a nice human

Overthink a Minute
3 min ⋅ 03/12/2024

Petit tour de ski ce matin. Ça a posé 5 centimètres. Certes, c’est que dalle, mais en vrai, c’est déjà bien. Pas la sortie du siècle mais quand même bien. Sur le télésiège, on discute avec Nono. De gratitude. Le soleil fait une apparition. Que demande le peuple ? Dans le monde, ça part en couilles. Barnier est à deux doigts de se faire dégager, un dauphin s’est échoué à l’Escalet, les féministes deviennent extrémistes, les masculinistes aussi, Netanyahou poursuit son génocide sans que personne ne l’en empêche. Et pourtant, dans ma vie, très égoïstement, tout va bien. Je bois des cafés, je vois mes copains, je lis, j’écris, je me réveille tous les matins avec les mésanges devant la fenêtre, vue sur les sommets enneigés, je skie, on m’offre des saucissons et des shooters, je vais grimper, je dors dans un grand lit confortable. Je suis pleine de gratitude et paradoxalement de culpabilité devant la misère du monde. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est quand même beau. Qu’il y a pleins de petites promesses de jours meilleurs dans les journées de chacun. Que c’est pas seulement moi qui ai une chatte énorme. À ne pas prendre au pied de la lettre bien évidemment. Les petits vicieux, je vous vois. Moi, je préfère croire qu’à un moment, j’ai du faire les bons choix. Dans cette vie ou dans une autre. Que le karma est avec moi. Que quelque part, je mérite tout ça. Et que je devrais donc arrêter de m’inventer des problèmes parfois. Relativiser. Ce qui reste plus facile à dire qu’à faire, quand même. Je vais pas me flageller. Putain d’héritage judéo-chrétien. C’est vraiment un gros truc de privilégiés de voir des montagnes de problèmes partout. Et si notre intériorité reflète notre réalité, c’est peut être pour ça que je vis dans les montagnes. Pour m’apercevoir qu’en fait, c’est beau. C’est beau, c’est impressionnant mais tu peux arriver en haut. Et en redescendre tout aussi facilement. Je suis pas certaine de la clarté de l’analogie. Pas certaine d’avoir plus envie de la développer. A chacun d’interpréter. 


Et puis hier, quelqu’un, quelqu’un du passé, qui ne me connais plus vraiment m’a dit que ce que j’écrivais lui parlait. Ça m’a touché. Vraiment. À l’intérieur, je faisais des danses de la joie. Sur le coup, ça m’a gêné, parce que j’ai pas envie de m’étaler. Je préfère que les gens me parlent d’eux plutôt que de parler de moi. Mais quand même. En y repensant, ça m’a vraiment fait plaisir. Quand des fois je m’interroge sur la pertinence et l’utilité de tout ça, je me dis qu’il y a sûrement des choses que je ne perçois pas chez les autres et qui sont drôlement intéressantes. Comme quoi, il faudrait toujours dire, dire aux gens à quel point on les apprécie, et parfois pourquoi. Tu sais jamais à quel point tu peux embellir leur journée. Ce commentaire là a amélioré ma journée d’à peu près 60% je pense. Parce qu’après, on est allé grimper avec Titou et Nono et que c’était vachement sympa. C’est dur à mesurer l’améliorabilité d’une journée. Et lui ne sait sûrement pas que j’en suis arrivée à ce degré là. Ce qui n’est pas une mauvaise chose : t’es pas gentil avec les gens juste parce que t’attends quelque chose en retour. C’est cette nuance qui fait la différence et qui te rend foncièrement gentil. Enfin je crois. Bon tu peux aussi être sympa avec quelqu’un et estimer pouvoir attendre quelque chose en retour. À ce moment là t’es gentil. Pas foncièrement gentil. Et j’aime bien les gens gentils. Même si c’est pas un métier. Encore heureux d’ailleurs. C’est peut être pour ça l’expression, je viens de tilter. Si c’était un travail, ça enlèverait tout l’intérêt. Tu serais juste gentil et pas foncièrement gentil. Houla, même moi, je me perds. 


Bref. Pas grand chose à dire ces derniers temps. C’est un peu le prix à payer quand t’es heureux : tu manques d’inspiration. Faut que je change de point de vue là dessus. Alerte à la croyance limitante ! Je vais pas passer ma vie à chercher le malheur pour écrire. Sinon j’écrirai plus, dans le sens où j’arrêterais et ça, ça craindrait vraiment. J’aime bien écrire mais pas au détriment de ma santé mentale non plus. Je l’ai déjà un peu fait, je m’arrête là. Je veux pas finir comme Fitzgerald ou Camille Claudel. Et après, j’aurais plus de compliments pour améliorer ma vie et ça m’embêterait drôlement. C’est agréable de se sentir apprécié quand même. Voilà. Sur ce constat je m’arrête là. Merci, merci d’être gentils. 

Overthink a Minute

Par Zoé André