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C’est vrai, cela fait quelques jours maintenant que je n’ai pas écrit. Je me suis laissée emporter par d’autres choses, notamment par le fait qu’indéniablement, c’est la fin de la saison. Comme les autres fois, la fin laisse un gout étrange. Etrange, triste, soulageant, et surtout, terrifiant. Parce que la fin signifie un début. Seulement quel début ? Où aller ? Dans quelles directions ? Dans tout ça, je ne trouvais plus de sens. Vraiment plus aucun. Les dernières années ont effacé le peu de croyances que je pensais avoir, sur le monde du travail, sur la façon dont les choses fonctionnent, sur les relations, sur les priorités. Ça m’a complètement emportée. Un peu comme Dorothy, dans Oz : emportée par une tornade dans un monde inconnu. Ou Alice, qui tombe au pays des merveilles. Et je suis tombée un bon moment. Jusqu’à toucher le sol. Toucher le sol, et se poser alors la bonne question. Réaliser que parfois, pour mieux repartir, il faut de nouvelles bases. C’est mon nouvel objectif : créer de nouvelles bases. Je ne pensais pas que cela pouvait être aussi excitant. Et pourtant. Ça l’est.
Jamais je n’aurais pensé enfant que ma vie prendrait cette tournure. Je pensais qu’être adulte était beaucoup plus fun. Pour le coup, je croyais au pays des merveilles. Et dans la chute, j’ai réalisé à quel point j’avais été déçue. Déçue, parce que j’en attendais tellement. J’avais un plan, un vrai rétroplanning : 23 ans, avocate. 25 ans, premier enfant. 28 ans, second. 32 ans, appartement à Val d’Isère. 35 ans, maison de vacances à la mer. Au milieu, un bel appartement en plein coeur de Paris. Des sacs à mains griffés, un mec smart et canon, un peu péteux sur les bords, les enfants en école internationale. Ah si, 35 ans, m’associer dans un grand cabinet. Je l’avais oublié celui-là. La vie s’en est mêlée. J’ai réalisé que si je tendais vers cette vie-là, ce ne serait pas la mienne que je vivrais, mais celle de quelqu’un d’autre. Potentiellement de plusieurs autres même. Mais certainement pas la mienne. Alors j’ai arrêté. Et j’ai recommencé, à visualiser. À me projeter. Là différemment. Moins précisément. Mais il faut croire que les vieilles habitudes ont la peau dure. Effacer ce qu’on a passé des années à imaginer emmène à certains endroits que l’on attend pas. Pour en arriver à aujourd’hui. A être plus perdue que jamais. A se demander quel est le sens au milieu de tout cet absurde. A ressentir des choses que l’on s’est toujours refusé de ressentir. Toute la merde bien enterrée au fond, qui finit forcément par t’exploser à la gueule. Plus on en accumule, plus cela prend du temps à nettoyer.
Jusqu’à l’instant où j’ai réalisé. Que la vie ne t’attend pas. Et qu’à son instar, rien ne sert d’attendre. Les choses se passent, qu’on le veuille ou non, et la seule chose qui compte, c’est notre façon de réagir. Ce sont nos choix. Nos choix qui mènent à notre destin. Sans nécessairement être bons ou mauvais. Simplement, des choix, pour accéder à la prochaine étape. Finalement, la seule chose que je dois écrire maintenant, c’est mon propre destin. Ça fait con comme phrase. Ça n’en reste pas moins vrai. Je ne veux plus jouer au hamster dans sa roue. Je ne veux plus refuser de grandir, parce que c’est « trop difficile ». Oui, j’ai été déçue, à moi de réagir, et d’arrêter de me laisser abattre. C’est le moment de se réveiller, de s’activer, de gagner en pragmatisme, et d’accepter l’évolution. Même en opérant à contre-courant de ce que je pensais. Ça me fait penser à la dernière de Gastby le Magnifique, où Fitzgerald écrivait : « C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé ». Elle ne m’a jamais paru si vraie. C’est peut-être ça le sens : continuons de ramer.