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L’autre matin, thé à la main, bouquin dans l’autre, uniquement vêtue d’une brassière et d’un short en vue de ma séance de Pilates prochaine, qui m’ont valu un coup de soleil original et magistral, Maman me dit : « tu sais, quelqu’un m’a encore parlé de notre couple avec papa l’autre jour ». La phrase, à l’instant où elle est prononcée, est anodine. Tout le monde se pose des questions sur le couple de mes parents. Et je dis cela sans exagération aucune. Ce n’est pas tant que leur couple suscite des questions plutôt que de l’admiration. De l’admiration, parfois, des jalousies, ou alors, combinaison des deux, de l’envie. A l’heure où le divorce est roi, à l’heure où certains s’imposent un partenariat dénué de toute étincelle, mes parents font office d’exception. Plus de 30 ans ensemble, et l’autre matin, il lui a offert des fleurs. Pour la première fois, selon ses dires. À elle. Autant dire qu’il conteste. Deux enfants. Qui sont partis. Puis qui reviennent. Des hauts, des bas. Des évolutions, des étapes, des obstacles. Si je demande à maman, elle dirait que « c’est probablement pour la vie. Je l’espère. Mais on ne sait pas de quoi demain est fait ». Elle dirait que c’est toujours ce qu’elle s’est dit, dès le début. Quand bien même il ne cessait de lui répéter : « Ne t’attache pas ». Qu’elle estimait que tant qu’elle était bien, pourquoi arrêter ? Pourquoi se prendre la tête, mettre une étiquette ? Si tout devait s’arrêter, au moins aurait-elle vécue.
D’aussi loin que je me souvienne, on m’a toujours parlé du couple de mes parents. De leur chance. C’est une chose, qui, sans me l’avouer, m’a mis beaucoup de pression. D’une part parce que je sais que la chance n’a rien à voir là-dedans. Que leur lien n’est que la résultante de choix. D’une faculté de ne jamais considérer l’autre comme acquis, tout en ayant la certitude qu’ils s’aimeront, quoi qu’il arrive. D’autre part, parce qu’il faut bien admettre que la vie est bien faite, et si hasard il y a, il fait bien les choses. À préciser que je ne crois pas au hasard. Surtout, parce que je sais ce que c’est que le grand amour. J’en suis le fruit. Et que je ne saurais me contenter de moins. D’où le fait que j’ai toujours été seule : plutôt la solitude que la simple satisfaction. La chance est peut-être de la partie, finalement.
Revenons-en à mon thé, mon bronzage de homard, mes lectures, ma conversation avec maman. Revenons-en à l’autre matin.
A Maman, aux questions que suscitent son couple. D’une question anodine, nous avons élaboré. Cherché des réponses. Qu’est-ce qui fait leur lien ? Qu’est-ce qui les unit ? Etrangement, la réponse est apparue, limpide, aussi bien dans sa bouche, que dans la mienne, simple spectatrice. Et si la réponse est vraie pour les couples, elle l’est tout autant en amitiés. Les gens que l’on aime sont ceux qui nous font nous aimer encore plus. Qui nous donne envie d’être la meilleure version de nous-même. Qui viennent nous confronter, comme des miroirs, vers davantage d’authenticité et d’acceptation de nous-même. Même si ça fait peur. La peur non plus comme ennemi, mais comme indicateur de ce qui compte, finalement. La peur comme masque d’un désir profond. Même si cela ne semble pas la voie la plus simple, parfois. On s’en fait souvent une idée bien pire de ce que c’est, réellement (en témoigne bien mieux que moi Marie S’infiltre).
Pour reprendre la formulation d’une énième Marie (ndlr : Marie Robert, aka @philosophyissexy), je vous souhaite d’avoir peur, et d’avoir le courage (du latin cor- « coeur » et -age) d’y foutre le nez.