07.03 : le sens de la famille

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Overthink a Minute
3 min ⋅ 07/03/2025

En ce moment, j’écris peu. Et quand je le fais, c’est pour rédiger mon testament. Ça peut sembler morbide, mais attends, je m’explique. En fait, cette idée a commencé à germer quand une copine a perdu sa grand-mère. Un peu blasée par l’idée de se taper 1 000 bornes pour un enterrement en grosse période de rush au boulot, elle répétait qu’elle mentionnerait dans son testament qu’elle n’en voudrait à personne s’ils ne voulaient pas faire un déplacement conséquent pour ses propres funérailles au moment T. Bon, le fin mot de l’histoire, c’est qu’elle y est allée, et que je crois qu’avoir partagé un moment en famille lui a fait du bien. Mais bon, c’était rapide. Bref. Ensuite, cette même copine (la meuf est solide) a perdu une amie dans une avalanche. De notre âge. Et là, j’avoue que ça fait bizarre. Même si je ne la connaissais pas. C’est le côté contre-nature qui marque. On a vite tendance à rentrer dans la comparaison. A se dire que finalement, ça pourrait nous arriver, à nous aussi. Et puis, au téléphone avec une autre copine, je me suis rappelée qu’on avait pas 28 ans, mais bien 27. Je ne sais pas pourquoi, je me vieillis d’un an. Je m’étais persuadée avoir 28 au lieu de 27. Par pure superstition ? Peut-être. Pourquoi ? Le club des 27. Et si j’ai un tant soit peu de talent, qui sait ? Peut-être suis-je dans la liste des nominés. Tout ça, mis bout à bout avec le fait que j’ai la subtile sensation d’opérer une évolution importante au plus profond de mon être, genre Salamèche qui devient Dracaufeu, je me suis retrouvée un soir, devant le feu, à débuter un semblant de testament. Je ne sais pas si ça s’apparente plus à un testament qu’à un genre de mémoires, un peu comme les rois rédigeaient à l’attention de leur héritier. Toujours est-il que je me suis qu’en grandissant, je perdais certaines parts de moi. Que j’oublierais certaines choses qu’il pourrait être intéressant de se rappeler par moment. Ou du moins que mes enfants pourraient avoir envie de lire plus tard. Un peu comme les rois et leurs héritiers. Que ça pourrait permettre de dire que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Que moi aussi, j’ai été jeune. Et puis même si ça ne sert à rien, ça permet de faire une rétrospective. 

Tout ça pour dire qu’en rédigeant mon testa-moire, et suite à une conversation sur nos éducations respectives tenus le jour même avec une autre copine, je me suis demandée ce que j’avais appris de ma famille. Pas seulement de mes parents, mais de toute la dynamique de ma famille. Entendue au sens restreint, à savoir mon père, ma mère, mon frère. Et en fait, c’est assez simple : au-delà du fait que l’on partage le même sang, et qu’on est un peu obligés de s’aimer à ce titre, on se choisit, jour après jour. Bien évidemment, il y a cet amour. Inconditionnel. Où tout est acquis et où pourtant, personne ne nous appartient. On sait qu’on peut compter les uns sur les autres, envers et contre tout. Même parfois contre nous. Mais ce lien s’entretient. Se chérit. Par des petites ou des grandes attentions. Et si tout devait s’arrêter, c’est ça que je retiendrais. C’est ce que j’essaye d’entretenir, dans chacune de mes relations. C’est ça, je crois, le sens de la famille. Comprendre que malgré l’évidence, on s’est choisi. 

Overthink a Minute

Par Zoé André